Comment imagine-t-on la
mort ? Il existe certainement autant de façon de l’imaginer que d’être
humain, même s’il existe beaucoup de lieux communs sur le sujet, mais est-ce
qu’il est normal d’avoir cela en tête en permanence ? Je veux dire, pas de
façon active, comme un désir, mais plutôt en background, comme un
questionnement permanent tournant à l’obsession. Je ne sais pas.
Tout ce que je sais, c’est
qu’elle a toujours été ma compagne d’infortune. A l’approche de cet
anniversaire funeste, où son absence me déchire un peu plus comme un couteau
qu’on retourne sans discontinuer dans une plaie, les questionnements
s’intensifient, et je me demande toujours : est-ce que ça s’arrête un
jour ?
Cela dépend peut-être des
gens, mais j’en doute. De plus, en ce qui me concerne, la mort est mon premier
souvenir, mon premier abandon, la douleur et la frustration originelle, la base
de ma construction, je n’étais même pas en âge encore d’avoir conscience de
moi-même que j’avais déjà conscience de son existence, alors comment puis-je
faire autrement ? À part m’oublier moi-même, je ne vois pas.
J’envie ces gens qui ne
connaissent pas encore la mort. Où ce qui sont capables de l’accepter car c’est
arrivé « dans l’ordre des choses ». D’ailleurs, y a-t-il un âge
auquel on est capable d’accepter la mort ? Où y a-t-il un âge décent pour
mourir ? Tout dépend de l’affecte je suppose. J’aurais aimé savoir comment
j’aurais réagi s’il était mort plus tard. Mieux encore ! J’aurais aimé
savoir comment j’aurais évolué s’il n’était pas mort. J’aurais aimé savoir ce
que ça fait de ne pas l’idéaliser, avoir la possibilité de me prendre la tête
avec lui et de le traiter de vieux con à l’adolescence, avoir la possibilité de
partir avec lui à l’aventure. En gros, avoir la possibilité de vivre avec lui.
Alors je le recherche. Je
cherche sa réincarnation en chaque homme et je suis frustrée de n’en trouver
aucun qui lui arrive à la cheville. Car il est plus que l’homme de ma vie, il
EST ma vie. Les morts sont parfois plus vivants que les vivants eux-mêmes, et
pour une vivante, je me sens bien morte souvent.
Il y a des vides qu’on ne
peut pas combler. Des peurs qu’on ne peut pas affronter. Des personnes qu’on ne
peut pas remplacer. Je ne supporte pas qu’on m’abandonne. Je ne supporte pas
qu’on me rejette. Je ne supporte pas qu’on soit désolé pour moi.
Toi, comment imagines-tu ta
mort ? Moi, je la vis déjà.
You're more alive than we could imagine
less than I would like to
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