Dans une suite assez logique
de l’article précédent, j’aimerais aborder un sujet qui me tient à cœur et que
je voulais développer depuis longtemps. Mais du coup, en écrivant ces phrases,
je réalise que je n’ai pas de mot pour rassembler le tout de mon sujet, car il
s’agit de la femme, de l’enfant, du soi-disant lien inéluctable et implacable
qui unie à la fois ces deux êtres et ces deux concepts, de la société, des
templates qui imposent les tabous et les idées reçues, les droits et les
devoirs plus ou moins tacites… Peut-être devrai-je formuler une sorte de
problématique : qu’elle est le problème de la société avec les femmes et
la maternité ? Hum, ce n’est pas forcement très clair, autant que je
commence à expliciter.
Je ne veux pas d’enfant, je
n’en ai jamais voulu et je sais au fond de moi-même qu’il y a toutes les
chances que je n’en veuille jamais. Well, good for me ! J’ai des tas de
bonnes raisons, sur plusieurs plans, de ne pas en vouloir, et quand bien même
je n’en aurais pas, cela ne changerait rien, car personne ne devrait avoir à se
justifier de ces choix. Alors pourquoi le fait-on dans ce domaine ? Et si
seulement ça s’arrêtait à cela. Car la plupart du temps, lorsqu’il s’agit du
(non-) désir d’enfant, on a plus souvent affaire à la condescendance qu’au
questionnement. La société ne prend pas les gens comme moi et de mon âge au
sérieux. Pour la majorité, au final, il n’existe pas de désir d’enfant
réellement. Il s’agit davantage d’une étape inéluctable de la vie d’une femme,
contrôlé par une certaine horloge biologique. Pondre des gamins est relégué au
même rang que les anniversaires et la mort : ça viendra un jour ou
l’autre.
we're not childless, we are childfree!
Tout d’abord, parlons de
cette fameuse « horloge biologique ». Pour moi, ça sonne plus comme
une superstition, sans déconner ! D’un côté, l’être humain se considère
comme supérieur à toute autre forme de vie, en haut de la pyramide de l’évolution,
avec un intellect supérieur, etc. Mais en même temps, on reste persuadé qu’un
jour, indépendamment de notre volonté, notre corps et notre esprit vont réclamer
la maternité, comme si c’était un besoin irrépressible. WTF ?! On dirait
une excuse ! C’est pas moi, c’est le chat !
Je ne suis ni biologiste, ni
psychologue, mais ça ne m’a pas empêché de réfléchir au problème. Certes nous
ne sommes que des animaux, mais une forme particulièrement évoluée du regne animal, nous avons développé les capacités de notre cerveau jusqu’à créer des
langages complexes, maitriser autant que possible les éléments, passer d’un
mode de vie nomade à sédentaire pour la majorité, et j’en passe !
Contrairement à presque tout le reste du règne animal, l’être humain a des
rapports sexuels pour le plaisir, et plus uniquement pour se reproduire. Avec cette
recherche du plaisir, nous avons même inventé des moyens de ne pas se reproduire,
ce qui prouve au moins qu’il existe un désir de contrôler notre reproduction. Alors
je pense que si une chose telle que l’horloge biologique existe ou a existé,
elle ne régule en rien notre désir de reproduction, car l’évolution nous a
offert un magnifique cadeau que l’espèce humaine s’évertue à piétiner : le
libre-arbitre. Je crois au libre-arbitre. Mais ceux, enfin surtout celles, qui
se cachent derrière l’horloge biologique ne sont rien d’autre qu’à la fois les
victimes et tortionnaires de la société dans laquelle nous vivons et dont ils
dictent les lois. C’est dans la civilisation dans laquelle on vit que se cache
la véritable horloge biologique, et certainement pas dans nos cerveaux.
Sinon, comment expliquer
que des personnes comme moi existent ? Car je suis loin d’être une
exception ! Sommes-nous des freaks ? Nous manque-t-il quelque chose
pour être « normaux » ? Bien sûr, la société nous voit ainsi, et
c’est d’une tristesse. A cause de cela, celles qui n’ont pas l’énergie ou la
volonté de se lever contre ce diktat finissent par obéir à la dictature de la
maternité, et enfantent pour de mauvaises raisons. Ne faites pas les innocents,
il y en a plus qu’on ne le croit. Le bon vieux classique du « je fais un
max de gamins pour vivre des aides » n’est pas un mythe. Les accidents qu’on
ne veut pas réparer « parce que c’est un meurtre » est d’un commun
affligeant. Le radical mais pas toujours efficace « je te fais un môme
dans le dos, comme ça, tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça, mon pote »,
pitié ! Et également le relativement récent « je mets mes convictions
dans ma poche, un mouchoir par-dessus, pour ne pas te perdre, mon cœur »,
bon sang ! Parce que oui, les hommes veulent des enfants, je dirais même
plutôt qu’ils veulent être pères (on ne dirait pas, mais ça fait une
différence). A l’heure où la femme arrive à peine à s’émanciper. Je serais
parano, je dirais que vous le faites exprès, les gars !
Bref, je suis fatiguée. Fatiguée
de devoir me justifier, de ne pas être prise au sérieux, d’avoir peur de ne
jamais trouver quelqu’un sur la même longueur d’onde que moi, de voir les gens s’empêtrer dans des excuses pour justifier leurs actes, d’être jugée.
PS: la childfree que je suis ce doit de faire la pub d'un blog des plus intéressants. Come and take a look! http://mamannonmerci.blogspot.fr/